Militante insoumise, ce blog complète mon compte Facebook et ma chaîne Youtube. J'essaie d'y décrypter l'actualité et je vais y inclure des définitions, des pensées, des critiques, enfin tout ce qui a un rapport avec la vie sociale et politique...
15 Avril 2020
Ce texte comme tous ceux de ce blog sont écrits au nom de l'auteure et non au nom du mouvement la France Insoumise. Etre militante insoumise permet justement de donner un avis personnel qui n'est ni validé ni invalidé par la France Insoumise ou par l'un ou l'une de ses représentants. Certains insoumis seront d'accord avec moi, d'autres non. C'est ça aussi la France Insoumise.
Ce texte est en quelque sorte un suite au précédent qui s'intitulait : Les riens qui vont mourir ne te saluent pas Macron. J'y justifie le tutoiement.
Ton déconfinement est aussi peu préparé que ne l'avait été le confinement il y a un mois. Quelques heures après ton discours, tes ministres mettaient déjà des bémols à tes déclarations !
Tu nous déclares :
"Mes chers compatriotes, si je tenais à m'adresser à vous ce soir, après avoir largement consulté ces derniers jours, c'est pour vous dire en toute transparence ce qui nous attend pour les prochaines semaines et les prochains mois."
"largement consulté" ? Mais qui donc as-tu consulté dans ton coin, tout seul, sans qu'il semble qu'il y ait ensuite discussion avec tes ministres ni même et c'est peut-être plus grave, avec le Conseil Scientifique ?
Tes conseillers ont-ils été du même genre que BlackRock qu'a choisi l'UE comme conseiller de la "finance durable" ? BlackRock pour conseiller sur un système financier qui respecterait l'environnement1 ! On aura tout vu ! Qui donc te conseille, toi, sur le sujet de la santé publique ? Le MEDEF, les gros actionnaires du CAC40 ?
On peut dire que tu nous as tous pris au dépourvu ! On s'attendait à tout sauf à t'entendre dire que les enfants seraient les premiers à être déconfinés et qu'une date était d'ores et déjà fixée : le 11 mai prochain !
Comment se fait-il que tout le monde, depuis ton discours, met des conditions, des bémols et des restrictions à ce que tu as dit ?
Le Conseil National de l'Ordre des Médecins s'oppose à un retour à l'école le 11 mai2
Le Dr Pierre-Louis Druais, membre du Conseil scientifique Covid-19 vient de le dire sur TF1 (JT 13h du 16 avril) : c'est une décision politique, pas une décision scientifique. Tout est dit !
Macron, tu as prononcé 11 fois cette date du 11 mai durant ton discours. 11 fois, je pense que ça veut dire que cette date est bel et bien prévue et définitive, quels que soient les quelques petits "si" dont tu l'as ponctuée. Là encore, je ne vais pas m'étendre sur le manque de masques, de tests, de respirateurs. Voici ce que tu en dis :
D'ici trois semaines, nous aurons, imaginez-le, multiplié par cinq la production de masques pour nos soignants en France et nous aurons produit 10 000 respirateurs supplémentaires de plus sur notre sol.
"Imaginez-le" ! dis-tu ! A t'entendre, on dirait qu'il s'agit là d'un exploit extraordinaire. Et comment que nous imaginons ! Espérons que 10 000 respirateurs seront suffisants. Quant au nombre de masques, vu que nous savons que la production actuelle est égale à trois fois rien... faisons le calcul : 5 fois 3 fois rien, c'est sûrement mieux que moins que rien mais ça ne donne pas l'impression que ça représente grand chose...
Je ne remets pas en cause le principe même de confinement puisqu'il parait évidemment nécessaire au vu du cruel manque de moyens de notre pays.
Le gouvernement nous parle de "confinement total". Le mot "total" a un sens. Sommes-nous vraiment dans un confinement "total" ? Nous pouvons tous facilement constater que non.
Je ne parle pas là des personnes qui osent aller se promener seules sur un plage ou dans un bois ou qui marchent dispersées dans un jardin public. Selon ma vision des choses, ces personnes-là respectent les règles sanitaires nécessaires pour se préserver de l'infection et en préserver les autres.
Mais que dire de l'ouvrier obligé d'aller travailler et pour aller travailler, obligé de prendre le métro, à proximité immédiate avec d'autres salariés et salariées qui, eux aussi, vont vers une activité obligatoire ? Combien a-t-il de chances de ne pas être infecté par le virus ? Combien sa famille, elle, a-t-elle de risques d'être infectée par le virus ? Pourtant sa femme et ses enfants, eux, d'ici le 11 mai en tous cas, respectent le strict confinement...
Et que dire de l'enfant dont les deux parents travaillent, parfois à des tâches absolument non essentielles mais dont l'employeur a décidé qu'elles l'étaient, parce que le gouvernement n'a pas voulu faire une liste précise de ces activités, même avec possibilité de dérogations particulières et strictes. Cet enfant est peut-être gardé chez une assistante maternelle qui, au lieu de 3 enfants maximum, doit en accepter six depuis le confinement. Le mari de cette assistante maternelle est peut-être l'un des salariés qui continuent à aller à leur travail en métro... les parents de ces 6 enfants sont-ils protégés ? Bien sûr que non ! Puisque quasi personne ne l'est en France !
Dans ton "adresse"3 aux Français, tu dis d'abord :
A partir du 11 mai, nous rouvrirons progressivement les crèches, les écoles, les collèges et les lycées.
C’est pour moi une priorité car la situation actuelle creuse des inégalités. Trop d’enfants, notamment dans les quartiers populaires et dans nos campagnes, sont privés d’école sans avoir accès au numérique et ne peuvent être aidés de la même manière par les parents.
Puis quelques phrases après :
Le 11 mai, il s'agira aussi de permettre au plus grand nombre de retourner travailler, redémarrer notre industrie, nos commerces et nos services.
Tu vois, avec toi, Macron, le truc c'est que lorsqu'on entend une phrase qui devrait nous faire plaisir, elle est de suite démentie par la phrase suivante et si ce n'est pas le cas, par les faits et actions que tu mettras en oeuvre.
Pourquoi les crèches ? Tes explications sur les inégalités scolaires ne s'appliquent pas aux crèches. Donc, c'est bel et bien ta deuxième phrase qu'il faut relier à la toute première. Les parents n'auront plus à garder leurs enfants et pourront aller travailler.
Là, tu nous donnes bien peu de précisions, Macron, et surtout tu ne nous rassures pas du tout ! Tu dis :
organiser différemment le temps et l'espace, bien protéger nos enseignants et nos enfants, avec le matériel nécessaire.
Les précisions s'arrêtent là ! On retiendra surtout la déclaration suivante :
Le 11 mai, nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes. Nous n'allons pas tester toutes les Françaises et tous les Français, cela n'aurait aucun sens. Mais toute personne ayant un symptôme doit pouvoir être testée. Les personnes ayant le virus pourront ainsi être mises en quarantaine, prises en charge et suivies par un médecin.
Les "personnes ayant le virus" ? Ah mais non ! Tu te goures là, Macron. Les personnes ayant des symptômes ne représentent pas l'ensemble des personnes ayant le virus !
Je t'explique : En jaune, l'ensemble de la population française. Il y a les porteurs sains du virus (en bleu) et les porteurs qui ont des symptômes (en rouge). Tous sont contagieux. Il nous est dit qu'il y a beaucoup plus de porteurs sains que de porteurs avec symptômes. Mais selon ta méthode, seuls seront isolés les porteurs avec symptômes. Alors, tu saisis ? Il y aura plus de gens contagieux qui pourront se promener sans précaution et contaminer tout le monde que de porteurs contagieux isolés et soignés !
Si certaines personnes sont prêtes à obéir sans discuter aux injonctions, ordres et commandements, ce n'est pas le cas de tout le monde. Beaucoup de gens ne sont prêts à se plier à des contraintes extrêmes que si et seulement si ils en perçoivent la cohérence et l'utilité.
Doit-on tout accepter sans aucune réflexion ? Ne doit-on pas d'abord comprendre avant que d'accepter et tout ne doit-il pas poser question ? Tout humain ne devrait-il pas avoir le droit de bien peser le pour et le contre en ayant eu accès à un maximum d'éléments de réflexion ?
Comme je l'ai écrit en réponse à une personne qui disait "vous n'êtes jamais contents" :
Le problème n'est pas d'aller au boulot ou non, c'est d'y aller en toute sécurité.
Le problème n'est pas d'être confiné ou non mais de l'être de façon intelligente et efficace.
Le problème n'est pas que le virus soit vaincu ou non mais comment on gère pendant que le virus est là.
Il me parait donc bien difficile, avec ce que savons aujourd'hui et ce que nous supposons pour demain au vu du peu d'informations pratiques et concrètes que le gouvernement nous donne, que les gens envoient leurs enfants à l'école le 11 mai et que les profs et instits reprennent le travail sans exiger les protections maximales.
Blanquer nous dit que la rentrée sera progressive. D'accord. Je ne vois pas beaucoup de solutions. Pousser les murs des classes pour avoir l'espacement nécessaire entre chaque enfant, faire l'école en plein air ou bien instaurer un système similaire à la circulation des véhicules par temps de pollution : les élèves dont le nom commence par A, B et jusqu'à G viennent les jours pairs, les autres viennent les jours impairs ! Comment compte-t-il régler le problème des classes surchargées ? Les cinémas resteront fermés alors qu'il est faisable d'utiliser un siège sur deux et un rang sur deux mais une classe d'école ne poserait pas de problème ?
Macron, je ne vais pas m'attarder sur ta récupération honteuse des "Jours Heureux" qui ont été écrits avec majuscule dans le texte publié sur le site de l'Elysée. Déjà en imposant ta réforme des retraites, tu osais te dire l'héritier du Conseil National de la Résistance4. Toi qui a tellement diminué le niveau de vie des Français, qui les a tellement méprisés, maltraités, réprimés, tu leur promets de "retrouver les Jours Heureux". Retrouver ? Quand donc les Français avaient-ils des jours heureux ? Avec toi, jamais !
Et tu reprends cette phrase de la Déclaration de Droits de l'Homme et du Citoyen, droits que tu piétines allègrement depuis que tu es au pouvoir :
"Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune"
Applique donc ce principe, Macron, dis-nous à quoi sert qu'un Bernard Arnault possède des milliards qu'il n'utilise qu'à en produire d'autres ? Combien sont-ils comme lui ? Que font-ils pour l'utilité commune ? Les dividendes ne cessent d'augmenter alors que les entreprises coulent les unes après les autres !
Les entreprises Luxfer et Famar ne sont-elles pas, elles, utiles à la communauté ? Mais tu refuses de les nationaliser. Quelle raison donnes-tu ? Aucune... c'est juste un niet ferme et définitif ! Les réquisitions d'usines de tissus ? Certaines se sont proposées mais lesquelles ont été réquisitionnées ? On ne sait pas. Comme d'habitude, on ne sait rien !
Les masques ? Les pharmaciens expliquent qu'ils ont des filières pour en avoir mais que l'Etat leur a interdit d'en acheter et d'en vendre ! Bravo Macron ! Le travail des pharmaciens pour fournir la population n'est-il pas d'utilité commune ? Les policiers espagnols distribuent des masques aux gens dans le métro. Tes policiers à toi, au lieu d'assurer leur fonction d'utilité publique, font tout le contraire et verbalisent sans discernement aucun.
On ne parle même pas des tests dont on ne sait pas combien sont produits. Voilà déjà deux semaines que Véran, ministre de la santé, a déclaré que tous les laboratoires de France, y compris les labos vétérinaires, de police, de gendarmerie, etc... allaient en produire. Jérôme Salomon, chaque soir, égrène les chiffres des morts, des interventions, dans une énumération macabre. Mais on ne sait pas si un jour chacun pourra se rendre dans un cabinet vétérinaire ou une gendarmerie et demander à se faire tester ni même si les tests rapides existants dans certains pays d'Europe seront un jour disponibles en France.
Tu es allé voir le Professeur Raoult à Marseille. Pourquoi faire ? Il n'en ressort rien...
Nous ne pouvons même pas dire que nous avons un gouvernement absent, ce serait mieux que d'avoir celui que l'on observe tout faire au rebours du bien commun.
Pour paraphraser Pagnol, je n'hésiterai pas à dire, comme une amie l'a déjà écrit sous une de mes publications :
- Macron, toi et ton gouvernement n'êtes pas bons à rien, vous êtes mauvais à tout.
Nous ne nous faisons guère d'illusions sur vos raisons d'agir comme vous le faites. Vous n'êtes pas mauvais pour tout le monde. Si seulement, tu avais demandé le versement de l'ISF, Macron, si seulement tu avais fait cette unique chose, nous aurions pu, peut-être, voir naître en nous une petite étincelle d'espérance. Une petite voix nous aurait alors dit que, peut-être, tu avais compris et que tu es un tout petit peu sincère quand tu dis :
Le moment que nous vivons est un ébranlement intime et collectif. Sachons le vivre comme tel. Il nous rappelle que nous sommes vulnérables, nous l'avions sans doute oublié. Ne cherchons pas tout de suite à y trouver la confirmation de ce en quoi nous avions toujours cru. Non. Sachons, dans ce moment, sortir des sentiers battus, des idéologies, nous réinventer – et moi le premier.
Mais tu dis bien trop souvent "je" dans ton discours (environ deux douzaines de fois), notamment cette phrase, vers la fin :
Il y a dans cette crise une chance : nous ressouder et prouver notre humanité, bâtir un autre projet dans la concorde. Un projet français, une raison de vivre ensemble profonde.
Dans les prochaines semaines, avec toutes les composantes de notre Nation, je tâcherai de dessiner ce chemin qui rend cela possible.
Si c'est avec toutes les composantes de la Nation, ce n'est pas "je", ce n'est pas toi qui va dessiner le chemin mais "NOUS". Et peut-être bien même que ce "nous" se passera de ton dirigisme, c'est ce que j'espère.
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Vendredi 17 avril à 18h00, participez au meeting numérique de Jean-Luc Mélenchon. Rendez-vous en direct sur tous les réseaux sociaux. Participez avec le hash...
3 - Macron intitule ses allocutions : "adresse aux Français". Macron s'adresse aux Français, ce verbe met une distance entre les Français et lui. "Je m'adresse à vous !" https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/04/13/adresse-aux-francais-13-avril-2020
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